Et quel regard portez-vous sur l’évolution et les enjeux du métier d’ingénieur fiabiliste ?
Pour ma part, je pense que la normalisation (notamment ISO et IEC) des définitions reste un sujet central pour permettre à l’ensemble des professionnels, qu’ils soient ingénieurs fiabilistes, sécurité, production et/ou maintenance, de modéliser leurs systèmes sur les mêmes bases. On a trop souvent tendance à faire évoluer les critères déterminant leurs périmètres d’applications et il en résulte des dérives sémantiques. Or, à mon sens, la bonne définition est celle qui ne change pas. Surtout quand il s’agit de qualifier les fondamentaux de notre métier : qu’est-ce que la « disponibilité », le « risque », ou encore, la « fiabilité » … ?
La normalisation des méthodes est aussi une bonne chose à condition qu’elles ne soient pas en contradiction avec nos pratiques ! Et pour ce faire, une implication de tous les instants dans les comités de normalisation est nécessaire.
Je remarque aussi l’apparition de disciplines émergentes dans les activités fiabilistes comme, par exemple, la maintenance prédictive - qui a pour objet d’intervenir en amont de la panne potentielle mais pas trop tôt afin de ne pas impacter la chaîne de production -, le MBSA (Model Based Safety Asessment), l’envahissement par des composants « intelligents », la croissance des problèmes de cybersécurité, …. Cela implique l’introduction de notions nouvelles, de tout un nouveau champ lexical - à définir, avec son propre vocabulaire – et de nouvelles techniques d’analyse modélisation et calcul. D’autre part, après tout ce temps, nous ne disposons toujours pas de modèles globaux mêlant les aspects technologiques, humain et informatique dans un outil unique. Les opportunités de développement restent donc, encore, insoupçonnées.
En trois mots, comment résumeriez-vous GRIF ?
Je pense sincèrement que GRIF reste encore aujourd’hui un des meilleurs outils de modélisation des systèmes industriels disponibles sur le marché. Aucun logiciel n'englobe toutes les méthodes de calcul qui ont été développées et intégrées au fil des années par nos soins. ALBIZIA est le seul moteur de calcul à proposer la jonction de Markov et des arbres de défaillance, et MOCA-RP est l’un des algorithmes les plus puissants du marché. Le tout, dans une interface conviviale et facile à utiliser pour tous les ingénieurs fiabilistes. Je suis très fier d’avoir pu, au travers de ma contribution et avec le soutien des équipes qui m’ont accompagné, créer un outil qui est aujourd’hui considéré comme une référence par les ingénieurs fiabilistes. Et comme tout bon outil qui dure dans le temps : GRIF continuera d’évoluer et de s’adapter aux exigences des métiers portant sur les études de fiabilité.